L’ambition de laisser leur marque est, je suppose, ce qui motive la plupart des gens qui travaillent dans l’art du tatouage. Et s’il y a dix ans, il était assez simple de comprendre qui y parviendrait et pourquoi, et par conséquent, de qui on se souviendrait pour cela, maintenant les choses sont devenues vraiment compliquées.
En regardant le tatouage aujourd’hui, je vois beaucoup d’apparence et de moins en moins de substance. Si je regarde l’histoire de ce métier, je vois une telle envie de travailler, de partager et d’apporter sa contribution.
Un bon exemple est Shangaï Katenom commercial de Kate Hellenbrandqui est décédé récemment et à qui j’ai pensé qu’il me fallait tout simplement dédier un long article à la fois dans ce numéro et sur tattoolife.com.
Kate a été l’une des premières femmes tatoueuses qui a non seulement réussi à se faire accepter, mais aussi à gagner le respect dans un monde où les hommes n’aimaient pas que les femmes traînent dans leurs studios, à moins que ce ne soit pour se faire tatouer les parties intimes ou s’asseoir en regardant tranquillement avoir l’air jolie et sexy.
Quand je pense à elle, je pense avant tout à l’exemple qu’elle a été et à ce qu’elle a représenté et représentera toujours en tant que femme pour toutes les autres tatoueuses.
Et je tiens à souligner cet aspect car je me rends compte qu’on a de moins en moins d’informations sur qui est derrière une étude, une activité cruciale dans ce métier. Bien sûr, nous voyons les merveilleux résultats de grands interprètes des styles de tatouage contemporains, mais ensuite les gens disparaissent, les idées et les collectifs disparaissent, les échanges créatifs disparaissent. Et tout se passe en silence et très peu de choses parviennent à nos oreilles qui nous impressionnent vraiment ou nous communiquent quelque chose.
Rich Hardy est une voix merveilleuse et je crois qu’on peut dire qu’il réussit à se faire entendre et à se démarquer de la foule.
C’est pourquoi je suis fier de le soutenir et d’être l’éditeur de son nouveau livre Icônes traditionnelles. Par Rich Hardy dans lequel nous avons rassemblé les études qu’il a faites sur certaines des icônes classiques de Tatouage traditionnel. Dans cet ouvrage l’ancien conduit le nouveau et la tradition trouve une place particulière dans la recherche de ce grand interprète contemporain du classique traditionnel.
Tomoqui est présenté dans ce numéro Chattez en hautest un autre grand tatoueur qu’il faut écouter, dont la voix fait sens et pique notre curiosité.
Tomo prend comme point de départ l’ukiyo-e, son esprit japonais comme il nous le raconte dans cette interview, mais ensuite crée, raconte et partage ses recherches sur le nouveau, sa position sur le tatouage illégal au Japon et son respect de la tradition culturelle. Et sa voix laisse une trace.
En plus de regarder l’art, je crois qu’il y a quelque chose de génial à parler à qui que ce soit qui est derrière et à montrer qui pense et fait des recherches. Parce qu’il n’y a pas d’art plus lié à l’homme et à son évolution que le tatouage.